Crimson Tide (2025) : Eaux profondes, ordres plus sombres — et la frontière entre devoir et destruction
L’océan est peut-être calme en surface, mais Crimson Tide (2025) nous rappelle que la véritable tension couve dans les profondeurs. Dans cette réinterprétation audacieuse du classique de 1995, la suite moderne plonge dans de nouvelles eaux géopolitiques, plus tendues, plus intelligentes et plus conflictuelles moralement que jamais.

L’action se déroule à bord de l’USS Vigilance, un sous-marin nucléaire nouvelle génération patrouillant dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. Le film se concentre sur un conflit nouveau mais familier : le pouvoir, le protocole et ce qui se passe lorsque la chaîne de commandement se fracture face à l’incertitude. Lorsqu’un message crypté s’interrompt en cours de transmission — ordonnant peut-être un lancement nucléaire — l’équipage du sous-marin est partagé entre agir vite… ou attendre trop longtemps.
Mahershala Ali prend la barre dans le rôle du commandant Elijah Graves, un vétéran calme et calculateur, attaché à la procédure et à la diplomatie. Face à lui, Glen Powell incarne le lieutenant-commandant Travis Wren, un officier prometteur dont l’attitude agressive et la vision du monde en noir et blanc reflètent les turbulences politiques à la surface. Le résultat ? Un affrontement idéologique latent à 240 mètres de profondeur, qui pourrait bien se terminer par une annihilation mondiale.
Ali offre une leçon magistrale de subtilité : un leader dont l’autorité ne repose pas sur le volume, mais sur un sentiment de contrôle glaçant. Powell, fort de ses récents rôles d’action, ajoute du feu et de l’instabilité, transformant l’affrontement entre les deux hommes en une lente cocotte-minute mêlant éthique, stratégie et guerre psychologique.
La réalisatrice Kathryn Bigelow met en scène l’action avec une intensité chirurgicale : couloirs étroits, salles de commandement éclairées en rouge et impulsions sonar qui frappent comme des battements de cœur. Le travail de caméra est conçu pour être claustrophobe, donnant à chaque ordre, chaque silence, chaque regard l’impression d’une détonation imminente.
Le scénario regorge de dialogues percutants, de commentaires politiques nuancés et de réminiscences des questions morales du film original, mais réimaginé pour un monde de guerre par IA, de désinformation et de diplomatie deepfake. Lorsqu’une fuite d’images de drone menace de déclencher une guerre et que la confiance à l’intérieur du sous-marin commence à s’éroder, la frontière entre vérité et loyauté s’estompe comme des signaux dans les profondeurs.
Note : 9,0/10 – Tendu, actuel et terriblement possible. Crimson Tide (2025) se présente comme un thriller naval captivant pour une nouvelle génération, où l’ennemi le plus effrayant pourrait ne pas se trouver à l’extérieur de la coque, mais de l’autre côté de la salle de contrôle.